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Le blog

Yoga sūtra de Patañjali - Chapitre 1 (Version 2)

Version 2 - 09/11/2025

Notes de version :

Cette nouvelle version du Yoga sūtra de Patañjali fait suite à un cours enseigné par N. Chandrasekaran qui se déroule sur deux années (2025 - 2027), dans lequel chaque sutra fait l'objet d'une proposition de traduction, d'une transmission de connaissance traditionnelle issue des Vedas, ainsi que d'une réflexion plus générale sur le yoga.


Dans cette nouvelle version (Cf. version 1 ici), la quasi-totalité des sutra ont été repris. Certains mots "oubliés" dans la première version ont été ajoutés. Et les propositions de traduction ont été affinées. Un abstract est proposé permettant une lecture "rapide".


La proposition de version ci-dessous, influencée par le cours de N. Chandrasekaran sans être complètement fidèle à son enseignement, est une réinterprétation toute personnelle de ce texte, oh combien passionnant, qui se veut à la fois le plus fidèle possible mais aussi accessible, sans toutefois en dénaturer toutes les dimensions de son contenu.


Pour une lecture rapide du chapitre 1 du Yoga sūtra...

Le premier chapitre pose les principes généraux du yoga.


[1.1 – 1.4] Le premier chapitre commence en définissant l’objectif unique du yoga, à savoir être établi dans sa nature essentielle (svarūpa), être celui qui voit (draṣṭṛ) et seulement cela, en atteignant un état de clarté totale (nirodhah). Sinon, il y a identification, prédominance du « je », lors de toutes activités et donc souffrance.


[1.5 – 1-11] Cinq sortes d’activités (vṛtti) contribuent à l’agitation du mental : la perception juste (pramāṇa), la perception erronée (viparyaya), l’imagination (vikalpa), le sommeil profond (nidrā) et la mémoire (smṛti). Elles sont sources de souffrance ou non.


[1.12 – 1.17] Seule une pratique (abhyāsa) respectueuse et soignée et un détachement (vairāgya) permettent de réduire ces souffrance. Les deux maintenus dans la durée, avec engagement conduisent à l’introspection (vitarka, vicāra), la béatitude (ānanda) et au complet discernement (saṃprajñāta).


[1.18 – 1.29] Certains feront l’expérience de cet état mental, d’autres devront faire l’expérience de la foi (Śraddhā), de la force (vīrya) ou de la méditation (samādhi) pour y parvenir. D’autres encore devront s’incliner (praṇidhāna) devant le seigneur (Īśvara), distinct de celui qui voit, insurpassé, source de toute connaissance, premier des gurus. Alors adviendra une conscience tournée vers l’intérieur, dépourvu de tout obstacle.


[1.30 – 1.39] Les obstacles (antarāya) sont nombreux, comme le doute ou l’égarement facilement identifiables, qui peuvent être combattus par des dispositions mentales particulières : bienveillance (maitrī), la compassion (karuṇā), la joie (muditā); et d’équanimité (upekṣā), ou par d’autres moyens comme par l’expiration et la suspension à vide, la méditation (dhyāna) ...


[1.40 – 1.47] Ceux qui maitrisent les techniques prescrites pourront alors expérimenter un état de méditation (sabīja samādhi), état mental de contemplation avec graines, dans lequel se réfléchira tel un cristal pur, ce qui est perçu, grossier ou subtile, sous différentes formes : avec cognition (sarvitarkā, sarvicāra) ou sans cognition (nirvitarkā, nirvicāra), où seul ce qui est resplendit.


[1.48 – 1.51] Les conditionnements (saṁskāra) passés seront alors remplacés par de nouveaux émanant d’une perception particulière, la vision yogique, différente de celle acquise par les sens et l’inférence, porteuse de clarté, permettant de se fondre dans la totalité, état sans graine ultime du yoga (nirbīja samādhi).


Chapitre 1 : SAMĀDHI PĀDA (Le chapitre de la contemplation)


  1. Maintenant, commence l’enseignement (anuśāsana) du yoga.

  2. Le yoga, c’est la suppression (nirodha) des activités du mental (cittavṛtti).

  3. Alors est établi dans sa nature propre (svarūpa) celui qui voit (draṣṭṛ).

  4. Sinon, il y a identification (sārūpya) du témoin avec le mental.

  5. Il y a cinq sortes d’activités (vṛtti) mentales, source de tourments (kliṣṭa) ou non (akliṣṭa).

  6. Ce sont : la perception juste (pramāṇa), la perception erronée (viparyaya), l’imagination (vikalpa), le sommeil profond (nidrā) et la mémoire (smṛti).

  7. La perception juste (pramāṇa) est obtenue par l’expérience sensorielle directe (pratyakṣa), l’inférence (anumāna) ou la tradition (āgama).

  8. La connaissance erronée (viparyaya) c’est d’être établi dans quelque chose éloignée de la vérité (atadrūpa) dû à une perception fausse de la réalité (mithyājñāna).

  9. L’imagination (vikalpa), sans cesse grandissante (anupāti), résulte de la perception (jñāna) sans réalité concrète (vastuśūnyo) d’un évènement sensoriel, comme un son (śabda).

  10. Le sommeil profond (nidrā) est une activité mentale (vṛtti) restreinte (tamas) sans possibilité (abhāva) d’expérimenter (pratyayālambanā).

  11. La mémoire (smṛti), c’est retenir (asaṃpramoṣaḥ) toutes les choses (viṣaya) perçues (anubhūta).

  12. La réduction des activités du mental (nirodha) est obtenue par la pratique (abhyāsa) et le détachement (vairāgya).

  13. Cela (tatra) doit être maintenu (sthiti) par une pratique (abhyāsa) engagée (yatna).

  14. Mais aussi une pratique fermement maintenue dans la durée (dīrghakāla), sans interruption (nairantarya), respectueuse (satkāra) et soignée (ādara).

  15. Le détachement (vairāgya), c’est se libérer (vitṛṣṇasya) par une parfaite (saṁjñā) maitrise (vaśīkāra) des objets sensoriels (viṣaya) offerts à nos sens.

  16. Et ceci jusqu’à (tatparaṁ) la perception (khyāti) du témoin (puruṣa) et de la convoitise (tṛṣṇā) des qualités premières (guṇa) de la Nature…

  17. …pour conduire de la réflexion (vitarka), à l’introspection (vicāra), la béatitude (ānanda), l’essence de l’individualité (asmitārūpa), et le complet discernement (saṃprajñāta).

  18. Pour certains (anyaḥ), Ils font déjà l’expérience de l’arrêt (virāma) de la cognition (pratyaya) du mental déjà obtenu par une pratique antérieure (abhyāsa pūrvaḥ) mais ont encore des résidus (śeṣaḥ) de conditionnement (saṃskāra).

  19. Dans cet état (bhava) d’expérience (pratyayaḥ), en l’absence de conscience du corps physique (videha), ils sont confondus avec la matière (prakṛtilaya).

  20. Pour les autres (itareṣām), ils feront préalablement (pūrvaka) l’expérience (prajῆā) de la foi (Śraddhā), de la puissance (vīrya), de la mémoire (smṛti), de l’absorption (samādhi).

  21. Installés (āsanna) dans une impulsion (saṃvega) volontaire (tīvra)…

  22. …il y aura des différences (viśeṣa) entre ceux qui ont une vitalité (vāta) douce (mrdu), moyenne (madhya) ou intense (adhi).

  23. …Ou alors, s’incliner (praṇidhāna) devant le seigneur (Īśvara).

  24. Le seigneur (Īśvara), distinct de l’Esprit (puruṣa), pur (mṛṣṭa) et insurpassé (apara), non affecté par les souffrances (kleśa) inhérentes aux conséquences des actions (karman).

  25. En cela, il est la source (bījam) insurpassable (niratiśaya) de toute connaissance (sarvajῆa).

  26. Étant entendu, qu’il est le premier (pūrva) des gurus, de tout temps (kālena) à jamais (anavaccheda).

  27. Om est la syllabe sacrée (praṇava) qui parle de lui (tasya vācaka).

  28. C’est par sa récitation à voix basse (japa) qu’il se manifeste (bhāvana).

  29. De cela (tad), adviendra (adhigam) une conscience (cetana) tournée vers l’intérieur (pratyac) et (api) sans (abhāva) obstacles (antarāya).

  30. Ces obstacles (antarāyāḥ) facteurs d’agitation (vikṣubh) mentale (citta) sont le tourment (vyādhi), l’inertie (styāna), le doute (saṃśaya), la négligence (pramāda), la paresse ininterrompue (ālasya), l’égarement (bhrānti), la perception erronée (darśana alabdha), la stagnation (bhumi) et l’instabilité (anavasthāna).

  31. Simultanément (saha) à l’agitation mentale (vikṣubh), se produit (bhū) douleur (duḥkha), négativité (daurmanasya), perte de maitrise du corps (aṅgamejayatva), et respiration (śvāsapraśvāsāḥ) haletante.

  32. Pour cela (tat) l’étude (abhyāsa) d’un seul principe essentiel (tattva) constitue une défense (pratiṣedha) utile (artha).

  33. Et obtenir (bhāvanatah) de bonnes dispositions (prasāda) mentales (citta) par la bienveillance (maitrī), la compassion (karuṇā), la joie (muditā) et d’équanimité (upekṣā), face (viṣaya) respectivement au bonheur (sukha), à la souffrance (duḥkha), au bien (puṇya), au mal (apuṇya).

  34. Ou en expirant (pracchardana) ou en retenant (vidhā) le souffle (prāṇa).

  35. Ou par un mental (manasaḥ) stable (sthiti) qui supprimera l’attachement (nibandhinī) aux agitations (pravṛtti) produites (utpannā) par les perceptions sensorielles (viṣayavatī).

  36. Ou par la contemplation (matī) de la lumière originelle (jyotiṣmat) qui supprimera (vi) la douleur (śokā).

  37. Ou en libérant (vīta) l’esprit (cittam) de tout attachement (rāga) aux objets (viṣayam).

  38. Ou en prenant comme support (ālambana) un rêve (svapna) connu issu du sommeil (nidrā).

  39. Ou encore méditer (dhyāna) sur ce qui nous est précieux (abhimata).

  40. Il y a alors maitrise (vaśīkāraḥ) de l’infiniment subtile (paramāṇu) à l’infiniment grand (parama mahattvanta).

  41. De la maitrise des activités (kṣiņavŗtteḥ) mentales, comme le cristal (maṇi) pur (abhijātasyeva), celui qui perçoit (grahītṛ), ce qui est perçu (grahaṇa), ce qui doit être reçu (grāhya) se contemplent (samāpatti) tel un reflet (tadaῆjanatā).

  42. L’une d’entre (tatra) elle, la contemplation (samāpatti) avec reflexion (savitarka) mélange (saṃkīrṇa) parole (śabdārtha), connaissance (jñana), conjectures (vikalpa).

  43. Sans réflexion (nirvitarkā), avec la mémoire (smṛti) purifiée (pariśuddhi), c’est exactement (eva) comme-ci (iva) notre nature propre (svarūpa) était vide (śūnya), seul (mātra) brille (nirbhāsā) le sens (artha).

  44. De la même façon (etayaiva), la contemplation avec (savicāra) et sans réflexion (savicāra) s’appliquent (vyākhyātā) aux objets subtils (sūkṣma).

  45. …Objet subtil (sūkṣma), jusqu’à l’indifférencié (aliṅga).

  46. Ceux-ci (ta) sont précisément des états de méditation (samādhiḥ) avec graines (sabījaḥ).

  47. Avec la maitrise (vaiśāradya) de la méditation sans réflexion (nirvicāra) apparait la splendeur (prasāda) du Soi (adhyātma).

  48. Et apparait la totalité (prajñā) porteuse de clarté (ṛta)…

  49. …et une perception (viṣaya) particulière (viśeṣa) autre que celle acquise par la connaissance (prajñā) de ce qui est perçu (śruta) ou l’inférence (anumāna).

  50. De cela, des habitudes (saṁskāraḥ) s’installeront (bandh) d’autres (anya) conditionnements (saṃskāra) différents (prati).

  51. De cela, nait la contemplation sans graine (nirbīja samādhiḥ).


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